Prey
PRESENTATION
Petit entremets avant
Hades, voici un jeu que j'ai totalement adoré et que j'ai malencontreusement zappé.
Prey n'a rien à voir avec l'ancien jeu basé sur le moteur de
Doom 3 qui mettait en scène un amérindien contre des aliens avec une gravité à en perdre les pédales (c'était un jeu pas mal du tout au passage). C'est un hybride
FPS RPG de
science fiction, fait par les français brillants de Arkane Studios. En gros, pour ceux qui connaissent
System Shock, ce jeu est essentiellement un héritier spirituel du deuxième volet (un énorme classique très atmosphérique), dont le premier a un remake,
System Shock Remake, qui devrait voir le jour cette année, et une suite,
System Shock 3, TBA pour l'instant. Tout comme
System Shock 2 (SS2), Prey se passe dans l'espace tout en vous mettant carrément dans la peau d'un astronaute, coincé sur une station de recherche où sont étudiés des phénomènes scientifiques interstellaires et une espèce extraterrestre à la fois totalement différente des humains, non conventionnelle et douée d'intelligence avancée. Pour ceux qui auraient vu l'excellent
Edge of Tomorrow (basé sur un light novel japonais), les aliens y ressemblent à s'y méprendre: c'est des amalgames de masse biologique et de technologie qui peuvent se téléporter, changer d'apparence, de structure... Structure que l'on peut assimiler afin de s'accaparer leurs pouvoirs!
HISTOIRE
La trame scénaristique s'avère être tout simplement superbe: par des adultes, pour des adultes. Du Arkane solide en somme (les auteurs de l'excellent
Dishonored, que j'ai commencé). Pour vous donner une idée, c'est le très respecté Chris Avellone (Planescape Torment) qui s'est attelé à de nombreuses parties de l'histoire et au design. A l'instar de
SS2, on découvre le monde à travers les communications: Yu, votre frère, vous guide à travers la station. Dès lors, vous profitez de monologues jouissifs et approfondis. Le personnage principal est muet, comme Gordon Freeman de Half Life. Continuellement, vous vous retrouvez fossoyeur de cadavre, à dénicher des munitions cachées, tout en écoutant les logs de scientifiques et autres affiliés à la station spatiale (un côté survival horror réussi, c'est aussi ça
SS2). L'atmosphère glauque, claustrophobe des couloirs, le risque lié aux ennemis (aliens mais aussi sécurité incontrôlable de la station) se marie parfaitement avec l'inexorable vide de l'espace. Les ténèbres sont envahissantes et la bande son pertinente... En particulier dans l'espace ! Car de temps à autre, vous aurez l'occasion de goûter à la gravité zéro du vide intersidéral, avec toutes les conséquences qui en découlent, et ce sans la sécurité qu'on imaginerait, bien au contraire (un plus très bien implémenté, mieux que
Dead Space notamment). Des phases de choix précis agrémentent la sensation de liberté de rôle. Et cerise sur le gâteau, on participe même à des phases puzzle, accessibles mais gratifiantes. Toutefois, le jeu a quelques bugs parfois (mineurs et très peu nombreux), et surtout, il est assez court... C'est dommage, on s'attache beaucoup au monde et aux personnages. Pourtant, rien ne vous empêchera d'essayer de le compléter à 100%; dès lors, la durée de vie s'en retrouve accrue. Scénaristiquement, grand coup de théâtre à la fin pour les amateurs du genre, je ne peux pas en dire plus.
GAMEPLAY
Le jeu consiste concrètement à survivre dans la station et d'avancer dans la quête après l'accident initial. C'est ce qu'on appelle un immersive sim, terme très vague faisant référence aux séries Thief, Deus Ex et System Shock, qui réfèrent à une immersion sans concessions avant tout, avec une grande liberté de jeu. On est pas loin de
Half Life justement niveau synopsis, sauf que là on a un énorme aspect RPG. Ne vous méprenez pas: ici il ne s'agit pas du tout de tirer à tout va, mais de prendre les bonnes décisions afin de construire un build potable - et beaucoup sont viables. La station est super bien faite, on nage un peu dans le cas du Metroidvania 3D: on explore la station, débloque des zones, retourne dans des endroits précédemment visités mais à présent différents... En se retrouvant à réparer un générateur pour illuminer une zone auparavant inaccessible. Ceci avec de nouvelles capacités déclenchées par les Neuromods, qui ne sont pas sans rappeler les augmentations de
Deus Ex. Les ennemis sont parfois ridicules, parfois très intimidants; néamnoins il ne faut jamais les sous estimer, car des ennemis à la fois faibles et rapides peuvent vous dépasser du fait de leur nombre par exemple. Ainsi le jeu ne pardonne pas les erreurs: si vous n'avez pas le niveau requis en termes de capacités pour vous frayer un chemin à travers une nouvelle zone, vous y risquez votre peau. Pour pallier à la difficulté parfois accrue, on peut se spécialiser en ingénierie, améliorer ses armes, et donc il y a des similitudes avec le fameux
Bioshock mais
Prey est indéniablement beaucoup plus proche de l'original (
SS2) que les
Bioshock.
VERDICT
Quand on parle d'héritier spirituel de
SS2, la barre est naturellement haute. Mais
Prey s'en sort parfaitement bien. Les possibilités sont très nombreuses, les passages à travers les couloirs et zones de la station variés, ce qui fait la force de
Prey en tant qu'aventure interactive. De plus, un point sur lequel je ne m'attarde plus mais qui a pourtant son importance: les graphismes (cryengine) et la direction artistique n'ont rien à envier aux ténors du genre. Côté jeu et interaction, on ne s'ennuie jamais; on regrette juste que ce titre n'aie pas bénéficié d'une suite car le potentiel est là. Peut-être que les nouveaux
System Shock pallieront à nos attentes... Quoi qu'il en soit,
Prey mérite vraiment un
9.5/10. Une expérience inoubliable qui vaut un bon film de SF mais un poil courte, donc un demi point en moins.
Bonus:
Arx Fatalis,
8/10: un petit joyau d'heroic fantasy aussi du genre mixte FPS RPG, le premier d'Arkane, absolument inconnu et qui mérite d'être joué par les férus du genre. Truffé d'originalité! Par exemple, on lance les sorts en traçant des runes à la souris... C'est une ode à un autre classique également, Ultima Underworld.